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Gaelle Walker

2020, le pacte de non violence





2019 a été une année forte en tension et révolte dans les rapports sociaux, politiques, et familiaux.

Tous expriment un désarroi ou la colère avec tant de force que la violence devient un mode de communication normal, évident, et presque acceptable. En tout cas parfois légitimée par le principe de « violence nécessaire » pour se faire entendre.


Mais que se passe-t-il dans cette société dans laquelle l'on prône la bienveillance, et où les rapports n’ont jamais été aussi antagonistes, et durs. Où en sommes-nous pour laisser à l’appréciation de chacun le degré d’urgence ou de nécessité pour faire valoir des actions de violence ?


Est il possible que chacun de nous puisse se donner le pouvoir de décréter « l’urgence » telle qu’il la considère et s’arroge le droit de contredire la loi, de s’imposer face à d’autres idées, et d’agir coûte que coûte ?

Cette façon d’agir est tellement à contre-courant des valeurs portées par une société évoluée et mature : le dialogue, la collaboration plutôt que le rapport de force, la contrainte et la violence, dans un objectif pragmatique de solutions acceptables pour tous.


La violence est-elle légitime ? En quoi un acte de résistance peut- il être non violent ? L’acte de désobéissance civile est-il lui aussi non violent ? quelles sont les conséquences d’un acte non violent ?


1 Qu’est-ce qu’une action violente ? Qu’est- ce qu’une action non violente ?


Une action violente comprend tout d’abord l’usage de la force, ainsi que la notion de contrainte : l’aliénation d’une liberté, ou d’un droit.

L’appréciation de cette aliénation est aisée si elle est physique : la force physique a des effets visibles et quantifiables.

Cependant, la violence est difficile à définir car elle est subjective, c’est-à-dire appréciée et interprétée de façon différente par les personnes. En effet, un acte peut être vécu comme violent par une personne et non violent par une autre. Cela dépend de la blessure morale, ou l’aliénation morale que cela pourra provoquer, ou pas. C’est pourquoi une action qui peut être jugée comme non-violente par ses acteurs, peut être vécue comme blessante, ou contraignante pour les personnes qui en vivent les effets.


2 Les exemples d’actions dites non violentes :


Interrogeons donc la qualification des actions militantes sous forme de blocage : blocage de rond-point par les gilets jaunes, blocage routier, blocage de l’accès aux lycées, blocage de l’accès des conducteurs de train. Ces actions sont qualifiées de « non violentes » ?

Ces actions ayant pour but de bloquer un passage ou un accès ou encore un droit à suivre un enseignement à l’université, ou juste la liberté d’aller, sont caractérisées par l’usage de la force du groupe, ou la force morale du discours dans le but d’empêcher les usagers, ou les personnes, et contraindre les institutions. Il s’agit clairement d’entraves aux libertés des personnes.

Ainsi, sans jugement sur la motivation ou l’enjeu politique de ces actions, il est important de bien nommer la manière : il s’agit d’actes violents et non passifs, puisqu’ils contraignent et entravent par l’usage de la force, et par conséquence créent une forme de violence.

D’ailleurs les noms utilisés ne sont pas équivoques : « lutte », « combat », «action coup de poing », La violence est bien présente moralement dans les modes d’intervention, et physiquement par la force du groupe. Qualifier une action non violente alors qu’elle a pour but la contrainte porte à confusion.


Le mode de prise de décision, et de gouvernance peut aussi être qualifié de violent si il donne le sentiment d’une contrainte morale et d’une absence de liberté. Mais l’absence de liberté tient- elle au fait que la décision collective va à l’encontre des idées individuelles? Si c’est le cas, il s’agit de questionner la démocratie qui est une forme de contrainte du collectif sur l’individuel, pour un "mieux vivre ensemble" , mais c’est un autre sujet…


Si ce mode de communication est clarifié dans ses intentions, sans s'arêter à sa qualification subjective, il sera plus facile d’y répondre en conséquence et de façon équilibrée. Par un dialogue constructif.


3 – Comment amener le dialogue ?


Ce mode d’intervention est une façon de nier le conflit.

Nier le désaccord en qualifiant l’opposant d’agresseur, malveillant et pervers est une technique bien connue des médiateurs : les médiés (personnes qui viennent en médiation) l’utilisent quand ils ne sont pas prêts à aller au compromis. C’est assez courant, et cela se produit souvent de part et d’autre.

Le processus de victimisation passe par la négation du désaccord, en diabolisant l’adversaire, et de cette façon en justifiant l’absence de recherche de dialogue, et de maintien de la lutte.


Remettre le dialogue au cœur de la discussion, c’est

- ne plus admettre comme légitime ou justifiée aucune violence verbale, morale ou physique, de la part de quiconque.

- ne pas nier les désaccords

- rétablir un équilibre des rapports de force.


Il s’agit de requalifier ces actions pour redonner du sens au dialogue social.


Bonne année 2020!

Gaëlle Walker



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