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La place de la victime en médiation.

Dans les organisations, on intervient trop souvent dans des situations de souffrance : mal-être, état de détresse, sentiment d’abandon, ou de confusion.

Parfois le travail fait mal, et conduit à la perte de confiance, et à la perte des capacités professionnelles, d’autonomie.

Cet état confirmé par le médecin du travail, se traduit souvent par une rupture : un arrêt de travail brutal du collaborateur, qui se répète, ou se reconduit, la peur du retour, et de revivre la relation qui a provoqué ce trouble.



C’est un fait : la relation de travail est souvent une cause de souffrance au travail, ainsi que de la dégradation physique et mentale qui en découle : perte du sommeil, stress, fatigue, démotivation, perte de confiance en soi …

Et quand on vit une souffrance, on devient « une victime ».


Quel accompagnement apporter à cette personne victime dans l’organisation? C’est la question que se posent les managers et les RH, ne sachant pas quelle attitude adopter pour aider ces personnes.


MARCEL PROUST (1871-1922)

« On aime à faire des victimes, mais sans se mettre précisément dans son tort, en les laissant vivre. »



Tentons d'abord de définir la victime : une personne qui a subi un mal, un dommage, ou les effets d’une situation, d’un événement.

Elle réagit de 3 façons différentes :


1. pour en finir avec ses souffrances, elle intervient sur les causes de son mal, pour se protéger. Elle peut devenir ainsi actrice des solutions ;

2. Psychologiquement affaiblie, elle est dans l’incapacité d’agir contre le mal qu’elle subit. Le risque de déséquilibre de la relation et des rapports de force ne permet pas la confrontation avec l’auteur. Elle a besoin d’aide pour retrouver un pouvoir d'action : soutien psychologique, juridique, matériel…

3. Assez forte psychologiquement, elle a la capacité d’autodéfense, mais développe une rancœur et un esprit de vengeance : la victime se « victimise ».

Elle souhaite la prise en charge de la réparation de son dommage par l'organisation, ou par la société. Elle se sert alors de ce statut de victime pour reprendre une forme d’autorité, qui pourra dépasser l’autorité qui l’a blessée. Elle est dans un mécanisme de vengeance. Elle veut inverser les rapports de force, ou les déséquilibrer à son profit.


La médiation, pour être conduite, requiert :


· la capacité de co-construire de la personne : C’est-à-dire un état psychologique stable qui permet à la personne d’être responsable de ses actes et de ses décisions.

· la responsabilité de la personne : la volonté de co-construire : la collaboration des personnes dans la recherche d’une solution, qui nécessite l’équilibre des rapports de force. L’objectif de la médiation est de réinvestir la responsabilité de chacun dans la recherche de solution, de redonner de l’empowerment. Le médiateur va proposer une écoute empathique, de façon à amener la personne à écouter la position de l’autre.





Dans la situation 1- La médiation peut être l’outil adapté : la personne est en mesure de co-construire la solution, car elle en a la motivation.


Dans la situation 2- L’absence de capacité de co-construire :

Son état psychologique dégradé ne permet pas à la personne d’être dans une position d’équilibre de rapport pendant l’entretien. Elle a perdu confiance en ses aptitudes, ou en sa capacité de réaction. Elle peut aussi être sous emprise.

La personne a besoin dans un premier temps, d’un accompagnement psychologique individualisé, avant d’être engagée dans une médiation.


Dans la situation 3 – L’absence de volonté de co-construire :

La personne ayant subi un dommage dans le cadre de son travail n’est pas en mesure de faire preuve d’empathie, d’écoute envers celui qui l’a fait souffrir. Elle souhaite que soit reconnu le fait qu’elle a subi, un acte répréhensible de la part de son collègue, qui lui a fait du mal, et que celui-ci soit puni.

Si le médiateur ne tient pas compte de ce besoin, la médiation sera impossible.


Que faut il faire dans ce cas ?


Pour redonner la volonté d’agir à la personne victime : il est nécessaire de consacrer un temps et un espace sécurisé :

Un entretien centré sur les faits, la description de l’incident.

L’assurance d’échanges équilibrés.

L'expression des émotions qui émergent à l’évocation des faits,

L'écoute de ces émotions,

La réaction à l'écoute



Il s'agit d'une étape du processus de médiation.

Et c’est seulement une fois les faits établis par chacun, une forme de réparation, de restauration de chaque personne dans un rôle positif et actif, et d’équilibrage des rapports, que le médiateur pourra amener Ces personnes à collaborer.


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