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Le non jugement et l’écoute du médiateur


Dans les situation de "harcèlement" pour lesquelles j'interviens régulièrement, les personnes que j'écoute sont souvent surprises de la distance que je prends par rapport à un jugement qu’ils formuleraient sur un fait ou un comportement. En laissant s'exprimer ce jugement sans le soutenir, ou le confirmer, je ne réagis pas comme ils l'imagineraient.


En effet, ce n’est pas le rôle du médiateur d’évaluer la mauvaise conduite, ou la conduite positive de quelqu’un, ni même sa volonté de manipuler ; ni le caractère malveillant ou bienveillant d’un comportement. Ce peut être celui du juge, de l’avocat, ou de l’officier de police, dont le rôle est de protéger et défendre. Or le médiateur ne défend pas, ni ne protège, il accompagne.



Après la surprise, les personnes sont rassurées et confiantes face à ce non-jugement parce qu'ils comprennent qu’ils n’auront pas besoin de motiver leur position, la justifier, apporter des preuves, et qu’ils pourront aller à l’essentiel, la relation. En effet, si on juge un comportement comme mauvais, il faudra nécessairement que notre propre comportement en opposition, soit le bon.

Porter un jugement sur un fait, c’est se positionner comme allié, et ainsi renforcer le rapport de force entre les personnes.

Le médiateur présente une position contraire : le fait de ne pas porter de jugement lui permet de laisser la place à la collaboration, et la co-construction des personnes, plutôt que la confrontation.


La vérité. Le fait de ne pas juger les faits, de ne pas apprécier la valeur d’un comportement ou une idée évite l’expression de la mauvaise foi ou le mensonge pour masquer la vérité et la rendre plus acceptable aux yeux de celui qui l’écoute, ou de la rallier à sa cause. Celui qui l’ écoute n’a pas besoin de vérifier les faits ou la véracité des éléments apportés, ils se contente de proposer à la personne de clarifier sa position en argumentant ou la précisant, en l’accompagnant des éléments complémentaires. L’écoute est alors complètement ouverte à la personne, et dans son intérêt celle-ci n’a plus à convaincre.


L’empowerment : la personne se sent entendue, reconnue, et peut ainsi garder de l’empowerment : un pouvoir d’action sur la solution, l’issue à trouver.

Le jugement est infantilisant, réducteur et humiliant. Le non-jugement est au contraire responsabilisant, valorisant et donne l’autonomie aux personnes.

Là où le médié pensait devoir se battre et s’opposer, il va pouvoir contribuer à la solution. Là où il pensait devoir se protéger, il va pouvoir regagner la confiance.

Là où le médié avait peur de la réaction de l’autre, il va être rassuré. Là où il pensait devoir se cacher et dissimuler ses intentions, il va pouvoir être vrai et honnête.


Le non jugement du médiateur lui procure à la fois une porte de sortie vers une solution mais aussi un espace rassurant pour poser les armes, aller au consensus, afin de stopper la lutte et la bataille. Il apporte sécurité confiance et assurance.

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